Au niveau international, l’OMS invite instamment les États Membres à évaluer le problème de la violence en milieu de santé sur leur territoire et à communiquer à l’OMS les informations recueillies sur ce problème ainsi que les méthodes adoptées pour le résoudre.
La Direction Générale de l’Offre de Soins à travers son Observatoire Nationale des Violences en Milieu de Santé a publié en 2017 un « Guide méthodologique relatif à la prévention des atteintes aux personnes et aux biens en milieu de santé ». Ce guide pratique recense les dispositifs de prévention mis en place dans différents établissements et a pour but d’aider tous les personnels qui travaillent en milieu de santé à s’approprier la problématique de la violence dans leurs établissements pour permettre de réduire ce phénomène. Il met l’accent sur la politique de prévention et propose six actions concrètes, à savoir : Analyser, Accompagner, Concevoir, Organiser, Former et enfin Communiquer. Des recommandations pratiques sont aussi faites concernant l’aménagement des espaces et l’organisation interne. Sans oublier la protection pénale des professionnels de santé et de leur famille à la suite de menaces ou de violences ayant entrainé ou non une incapacité de travail (ITT).
En France, selon les faits de violence déclarés à l’Observatoire National des Violences en milieu de Santé, en 2014, un acte de violence sur les personnes ou les biens survenait toutes les 40 minutes environ dans les hôpitaux [1]. En 2019, cinq ans plus tard, cette sinistre mesure temporelle a été divisée par deux avec un acte de violence toutes les 20 minutes environ [2].
Il n’est pas sans dire que ces chiffres ne sont pas exhaustifs par rapport au nombre réel de violences compte-tenu que les signalements basés sur le principe du volontariat ne sont pas systématiques dans les hôpitaux (moins de 8 % de l’ensemble des établissements inscrits dans la plateforme de l’ONVS ont déclaré des signalements en 2019). Néanmoins, cette hausse de la violence peut s’expliquer en partie par le fait que l’on comptabilise 337 établissements déclarants en 2014 contre 451 en 2019, soit un accroissement significatif des établissements déclarants qui marque un signe positif pour mieux évaluer cette violence à l’hôpital au niveau national et prendre des mesures de prévention et de réaction adaptées à chaque structure. De même, sans aller chercher une hausse des violences pour satisfaire les chiffres de l’insécurité, c’est surtout la nature des agressions qui a évoluée durant les dernières années avec des soignants qui remarquent que les injures et les menaces de mort sont plus récurrentes sans parfois même pouvoir identifier de motifs précis.
Pour mieux gérer cette violence, il est important de souligner que « les événements de violence signalés ont donné majoritairement lieu à une intervention du personnel dans les proportions suivantes : 56 % par le personnel hospitalier, 24 % par le service de sécurité/sûreté, et seulement 7 % par les forces de l’ordre » (rapport ONVS sur l’année 2019).
Ces chiffres nous montrent la pertinence d’élaborer des formations pratiques et spécifiques sur la prévention et la gestion des violences en fonction de l’acteur qui sera confronté à celles-ci, c’est-à-dire bien distinguer les objectifs pédagogiques pour le personnel hospitalier, différents de ceux pour les agents de sécurité de médiation et de sûreté. À ce titre le rapport de l’ONVS souligne l’importance des « formations professionnelles pratiques dispensées sur la gestion des tensions et de l’agressivité (conçues par des soignants pour des soignants) [qui] se révèlent extrêmement utiles afin de mieux prévenir et gérer les moments de violence. » De plus, certaines sensibilisations plus théoriques, qui abordent les mécanismes psychologiques de la violence, les principes de prévention face aux agressions verbales et physiques et la prise en charge des victimes de violence, mais directement reliées à la pratique sont très complémentaires et peuvent même être dispensées à distance en ligne en amont ou en aval des formations pratiques.
La visée de la self-défense en milieu professionnel, qui intègre le désamorçage de la violence dans le cas de la prévention primaire ainsi que la gestion de cette violence lors d’un passage à l’acte qui impose une réaction immédiate de protection, de défense voire d’immobilisation et de désarmement dans le cas de la prévention secondaire, répond strictement à la nécessité, parfois vitale, de protéger et d’assurer la sécurité du personnel proportionnellement à la gravité des menaces et attaques auxquelles il est confronté.
Dans un dossier de la revue Soins Cadres de novembre 2012 consacré à la violence à l’hôpital, un article de Florian Barreau intitulé « Intégrer la violence dans le soin pour mieux la prévenir » présente l’intérêt de la pratique de la self-défense au sein des équipes soignantes comme un outil de prévention simple et peu coûteux et qui « dans le cadre d’une pratique saine et suivie, elle s’avérera être un facteur de sécurité des personnes et de performance dans le soin ». Il précise ses propos en insistant sur le caractère protectrice de la self-défense pour le corps et l’esprit face aux agressions tout en relevant les limites à ne pas franchir pour utiliser des techniques de défense sans tomber dans une approche provocatrice car cet enseignement relève avant tout de la modestie dans la connaissance de ses propres capacités. Il soulève très justement que « la qualité de l’enseignement est donc primordiale pour rendre cette pratique bénéfique ».
Ce pourquoi CARINEL Formation veille à faire intervenir en milieu de santé des experts-formateurs diplômés et dotés d’une expérience dans la self-défense professionnelle qui se compte en plusieurs dizaines d’années et qui maîtrisent les codes et la déontologie du soignant étant donné nos diverses interventions en établissements de soins et de notre conseil scientifique composé de professionnels de la santé qui veillent à l’application d’une pédagogie adaptée à chaque structure.
Le respect de l’intégrité du patient comme du soignant est primordial dans nos enseignements tout comme les techniques que l’on va apporter aux professionnels de santé et aux agents de sécurité et de sûreté. Aussi, pour traduire la réalité des agressions et des vécus, nous faisons travailler les stagiaires par jeux de rôles en utilisant également des armes blanches factices et différents objets usuels pour apprendre à se protéger et se défendre face à des situations similaires et dans un état de stress qu’il est important d’apprendre à réguler.
Outre ces ateliers pratiques avec mises en situations, la formation traite aussi des attitudes et signes précurseurs d’une possible agression tout comme les postures et distances de sécurité pour prévenir au maximum le passage à l’acte et utiliser les techniques de défense qu’en cas de situations périlleuses pour sa propre sécurité ou celle d’autrui. Le professionnel qui bénéficie de ce type de formation gagne en confiance et de fait sera plus à même de désamorcer, lorsque cela est possible, une situation violente pour se concentrer à sa mission première : le soin.
Si le corps humain est central dans la relation soignant-soigné, la self-défense en milieu professionnel est une méthode permettant de gérer certaines manifestations violentes du corps pour se concentrer sur une prise en charge saine de la personne en évitant des dommages corporels.
D’autant plus que parmi tous les actes de violence sur les personnes, moins d’un quart (21 %) sont liés directement à un trouble psychiques ou neuropsychique (TPN) et la majorité (79 %) relèvent davantage de comportements délinquants, de crises de nerfs, de citoyens lambdas ou dans un état second sous emprise d’alcool ou de stupéfiant (ONVS 2019).
CARINEL Formation obtient des résultats très satisfaisants depuis la mise en place de formations sur la gestion des agressions et la self-défense professionnelle en milieu de santé pratiques et personnalisées selon les professionnels et les structures de soins concernés. Grâce à une méthodologie, rattachée au système international TASK, qui intègre toutes les phases de la violence et notamment la protection et défense avec des gestes simples et mémorisables face aux agressions verbales et physiques et tout particulièrement de nos experts-formateurs très expérimentés, nous maintenons un taux de 93 % de stagiaires très satisfaits à nos ateliers pratiques qui recommandent notre approche pédagogique pour acquérir des méthodes concrètes qui correspondent à la réalité du vécu par les agents dans différents services.
Il va de soi que les efforts investis dans la formation pratique liée à la protection du personnel doivent se corréler avec des investissements de nature organisationnelle, procédurale, technique et architecturale pour mettre en œuvre les moyens nécessaires à la réduction de la violence et la protection du personnel dans les espaces concentrant le plus d’atteintes aux personnes. Dans cette optique, l’ONVS rappelle dans la conclusion de son rapport qu’ « on peut considérer à juste titre que les directeurs d’établissements doivent acquérir une nouvelle compétence de « sécurité », qui originellement ne faisait pas partie de leur cœur de métier. Cette compétence est assurée de la meilleure façon dans le cadre d’un projet de service global. La non prise en compte de la prévention et de la lutte contre les incivilités et les violences participe des impacts négatifs… » Nous ne pouvons que rejoindre cette conclusion logique que nous partageons régulièrement avec les différents établissements de santé partenaires, tout comme nous insistons sur la force de notre vision de la prévention partagée avec l’ONVS :
La prévention primaire (mesures de dissuasion et de détection)
Prévenir la violence avant qu’elle ne se manifeste en détectant les signes avant-coureurs et en agissant sur les individus, l’environnement et l’organisation.
La prévention secondaire (mesures de réaction)
Mesures immédiates de réaction à la violence et mise en œuvre des techniques acquises en formations pratiques à la gestion des violences verbales et physiques.
La prévention tertiaire (mesures de suivi)
Se concentrer sur la prise en charge, l’accompagnement des victimes et les soins dans la durée après un acte violent dans les phases post-traumatiques.
[1] En 2014, 14 502 signalements d'atteintes aux personnes et aux biens ont été recensés auprès de 337 établissements déclarants (ONVS 2014). [2] En 2019, 23 780 signalements d'atteintes aux personnes et aux biens ont été recensés auprès de 451 établissements déclarants (ONVS 2019).
Rappel : Cet article est la seconde partie de CAUSES ET IMPACTS DE LA VIOLENCE EN MILIEU DE SANTE [partie 1/2]
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