Introduction
Les administrations publiques telles que les hôpitaux, centres sociaux, bailleurs sociaux, CAF, Pôle Emploi, collectivités, enseignement etc. disposent aujourd'hui de référents radicalisation qui visent à analyser objectivement et rendre compte de situations à risques à des instances supérieurs ou partenaires (préfectures, ARS, rectorats, renseignement...). Face à la complexité du processus de radicalisation en constante évolution, ces référents jouent un rôle crucial dans la prévention et la gestion de ce phénomène. Cet article explore le processus de radicalisation, met en lumière le rôle des référents radicalisation, et souligne l'importance de leur formation.
Les phases de radicalisation
Le processus de radicalisation comporte plusieurs phases, allant du mécontentement social initial à une possible radicalisation violente avec un aspect religieux plus ou moins prononcé. Ces phases impliquent généralement des interactions avec des groupes radicaux et une distanciation des proches. Il est crucial de comprendre que la radicalisation s'inscrit dans une temporalité variable, et chaque facteur de vulnérabilité peut être également un facteur de protection.
L'émergence chez les jeunes
La radicalisation, principalement observée chez les jeunes (12-26 ans), se nourrit de discours de propagande véhiculés à travers divers espaces en ligne tels que Facebook, X (ex Twitter), WhatsApp, Telegram ou encore Tik Tok. La sensibilisation des jeunes face aux discours radicaux nécessite une approche spécifique pour prévenir l'isolement et l'endoctrinement.
Les étapes majeures de prévention
L'équipe R&D de CARINEL primée en 2018 lors d'un concours sur les discours alternatifs à la radicalisation (avec la Préfecture de Police de Paris, le Bureau central des cultes du Ministère de l'Intérieur et le groupe SOS) a retenu trois étapes majeures dans la prévention de la radicalisation chez les jeunes. Il s'agit de la mise en contact pour contrer l'isolement, de la favorisation de la discussion pour contrer l'endoctrinement, et de l'incitation à l'action pour contrer le sentiment de "non-participation" sociale. Ces étapes guident les actions visant à désengager les individus du processus de radicalisation.
Le rôle des référents radicalisation
Les référents radicalisation dans chaque administration publique jouent un rôle central dans la mise en œuvre des actions préventives. Leur mission consiste à repérer les signaux de radicalisation, à orienter le personnel confronté à des situations de radicalisation, et à alerter et communiquer auprès des partenaires identifiés et des instances spécifiques pilotés notamment par les préfets (GED, CPRAF...). Ils peuvent aussi contribuer à mettre en place des méthodes et des outils préventifs, tels que des discours alternatifs, des actions sociales positives, le signalement, le suivi psychologique, et le suivi territorial.
A ce titre, les référents Radicalisation au sein des services publics et des entreprises sont pleinement intégrés à la politique de l'Etat en matière de prévention de la radicalisation qui s'exerce par des dispositifs et ressources multiples (DGSI/UCLAT, CNAPR, SGDSN, CIPDR...).
Transmettre des consignes pratiques et accompagner les personnels selon leurs spécificités de missions en s'assurant que les procédures internes soient bien assimilées fait aussi partie du rôle des référents radicalisation.
L'importance de la formation des référents
Face à la complexité du phénomène de radicalisation (social, identitaire, religieux, psychologique...), la formation des référents radicalisation est cruciale. Celle-ci doit permettre aux référents de comprendre les mécanismes de la radicalisation, d'identifier les signaux de rupture, et de mettre en œuvre des stratégies efficaces de prévention pour signaler tout événement pouvant compromettre la sécurité publique. La participation à des formations spécialisées, telles que celle proposée par CARINEL, est essentielle pour renforcer les compétences des référents et améliorer leur capacité à intervenir de manière précoce et juste. Maintenir et renforcer leur connaissance face au phénomène de radicalisation en prenant compte des différentes radicalités à appréhender permet de rester attentif face aux menaces réelles identifiées par les services de l’Etat.
Conclusion
Les référents radicalisation occupent une place centrale dans la lutte contre la radicalisation au sein des administrations publiques ou privées. Leur rôle préventif et d'accompagnement est essentiel pour contrer ce phénomène multifactoriel. La formation continue des référents est une nécessité pour garantir une action efficace et cohérente face à la diversité des situations rencontrées. En investissant dans la formation et le renforcement des compétences des référents par des formateurs qualifiés (chercheurs en sciences humaines et sociales en matière de politiques de sécurité, science des religions, géopolitique, professionnels du renseignement, de la radicalisation et de la lutte anti-terroriste...), les administrations contribuent activement à la préservation des principes républicains et à la sécurité de la société tout comme de leur administration.
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